Comment aider un proche en dépression ?

26/4/2022
entraide santé mentale
Maëva et Amandine
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La dépression est l’une des maladies mentales les plus courantes. Elle concerne ou concernera 1 personne sur 5 en France au cours de sa vie, indépendamment de son âge et de son origine sociale.

En 2020, cela représentait 13,5% des plus de 15 ans dans notre pays. Touchant davantage les femmes que les hommes (prévalence de 2 pour 1), elle est considérée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme la première cause d’incapacité dans le monde.

Ainsi, nous pouvons tous être un jour amenés à aider et soutenir, un proche souffrant de dépression. C’est pourquoi il peut être intéressant de savoir dans quelle mesure et de quelle façon est-ce que nous pouvons, en tant qu’ami-parent-proche, être présent pour cette personne.

La dépression et l’entourage

Si la dépression est une expérience difficile à traverser pour la personne concernée, elle peut également l’être pour son entourage. Elle peut en effet s’avérer difficile à comprendre et parfois perturbante lorsque nous ne l’avons pas nous-même expérimentée, ce qui peut générer de l’anxiété.

Également, il peut s’avérer difficile dans les premiers temps de trouver la juste place entre notre proche et les soignants, et de garder à l’esprit que nous ne pouvons pas nous substituer aux différents professionnels de santé qui sont susceptibles d’intervenir dans la prise en charge d’une dépression (psychiatre, psychologue, médecin, pharmacien, …).

S’il n’existe pas de recette miracle, de nombreux éléments peuvent facilement être pris en considération et mis en place pour nous aider à accompagner et soutenir un proche qui traverserait une dépression.

En effet, une présence quotidienne et de proximité est essentielle dans le processus de rétablissement de cette maladie.

Se renseigner pour mieux comprendre

C’est le moment de te jeter des fleurs, car tu es au bon endroit pour suivre ce premier conseil ! En effet, un bon préalable à la démarche d’aide réside dans l’effort fourni pour pouvoir se représenter le vécu de la personne dépressive.

Pour ce faire, tu peux commencer par regarder les symptômes de la maladie dans le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSMV, 2013).

En quoi lire une liste de symptômes peut-il aider mon proche ? En te permettant de mieux saisir et repérer les signes cliniques moins connus de la dépression (difficultés de concentration, grande fatigue, perte de plaisir, déclin de l’intérêt, …), cela peut t’aider à mieux comprendre ton proche en difficulté.

En outre, avoir la démarche de te renseigner sur ce qu’elle vit constitue pour la personne traversant une phase dépressive une preuve tangible de ta volonté de lui venir en aide et de l’intérêt que tu lui portes, alors même que la dépression produit une dégradation de l’estime de soi.

Au-delà du sacro-saint mais hermétique DSM, tu peux aussi te documenter à l’aide de témoignages de personnes atteintes de troubles de l’humeur ou de vidéos de vulgarisation proposées par des psychologues ou des psychiatres.

Tu peux retrouver ce type de formats plus parlants sur des plateformes de podcasts, sur YouTube – avec entre autre les chaînes de Psykocouac, de La Psychiatre Zinzin ou encore les interviews de Christophe André pour ne citer qu’eux –, et sur des blogs, comme celui de Mosaik.

Demander de quoi l’autre a besoin

Un des plus fréquents faux-pas à faire lorsque l’on souhaite consoler une personne dépressive est de vouloir dé-rationaliser sa tristesse en la convainquant avec des arguments comme : “Mais enfin, regarde ! Tu as tout ce dont tu as besoin !”.

En réalité, comme nous avons commencé à le soulever plus haut, le propre du syndrome dépressif est la perte du plaisir et de l’intérêt pour les choses qui nous procuraient des émotions agréables auparavant. Comme tu peux t’en douter, cette dégradation de la vie hédonique a pour conséquence une perte progressive de la motivation à faire les choses.

Ainsi pouvons-nous entrevoir les prémisses du cercle vicieux de la dépression. S’il est tentant de vouloir briser cet état d’amotivation chez l’autre en le poussant là où il ne peut pas se pousser lui-même (“Tu as besoin de changer d’air, je t’emmène boire un verre !”), adopter une telle attitude peut être contre-productif et mettre l’autre face à son propre échec s’il se sent justement incapable de quitter sa chambre.

En revanche, tu peux recentrer les choses en posant à l’autre cette question simple : de quoi tu as besoin ici et maintenant ? Il se peut que tu reçoives des réponses très pragmatiques comme “manger” ou “ranger ma chambre”. L’important c’est de rester à l’écoute de ce que l’autre t’apporte et de ne pas préjuger de l’importance de ses besoins.

Le fait d’avoir choisi la réponse “ranger ma chambre” en guise d’exemple n’est pas anodin. En effet, bien que toutes les dépressions soient différentes, le manque de motivation pour ranger son espace de vie et le sentiment étouffant d’accumulation qui y est associé constitue une plainte dépressive récurrente.

Ainsi, tu peux proposer à ton ami.e de l’aider à ranger pendant de courtes périodes et en plusieurs fois (trente minutes cette semaine et trente autres minutes dans dix jours par exemple). L’idée ici est d’enrayer l’engrenage sans infantiliser ou rendre dépendant l’autre !

La règle essentielle : il y a autant de manifestations de la dépression que de personnes qui en souffrent

Que vaut-il mieux éviter de faire quand on veut aider une personne dépressive ?

« T’es censé être dépressif mais tu sors tous les soirs », « Non mais fais un effort, avoir le moral dans les chaussettes ça n’empêche pas de prendre une douche », « T’as vu l’état de ton appart’ ? », « T’es sûr.e que c’est une dépression ? T’as jamais été aussi performant.e dans ton travail » sont autant de remarques qui peuvent émaner de personnes qui, au-delà de la dichotomie bienveillance / malveillance, ne sont pas armées pour comprendre ce que la dépression implique chez l’autre.

Mais s’il y a quelque chose à retenir de cet article, c’est : stop à l’injonction à la dépression parfaite ! Au cours des dernières années, les médias, séries, et autres formats de divertissement ont participé à une glamourisation des troubles mentaux. Le dépressif est beau, son poids ne connaît pas de variation, il continue à travailler, aller en cours, ne fait pas de faux plans à ses amis, est fonctionnel en journée en dépit de la tristesse qui l'accable à la nuit tombée.

Avant tout, pouvoir entendre l’autre

Bref, la dépression, c’est seulement cette douleur morale profonde qui s’ajoute à un être sans le désorganiser. Le but ici, c’est de nuancer l’un des points précédent : certes, se renseigner c’est essentiel pour appréhender ce qui relève de la symptomatologie dépressive, mais le meilleur moyen d’aider son proche est probablement la formation d’un compromis, entre l’effort mené pour constituer ce bagage de connaissances sur la maladie, et la capacité à en faire abstraction pour mieux pouvoir entendre l’autre.

La dépression, c’est un vécu expérientiel qui entrave le fonctionnement de l’individu de différentes façons. Certains de ces chamboulements seront visibles d’un œil externe tandis que d’autres dérangeront l’individu concerné.

Ainsi, il se peut que notre inquiétude se cristallise sur les conduites alimentaires de notre proche ou sur l’augmentation de sa consommation de cigarettes par exemple, alors que ce qui angoisse ledit proche touche plutôt à sa capacité à se concentrer – sur une série, une conversation… - ou à répondre à ses e-mails.

Un tel constat fait échos à la nécessité d’entreprendre un chemin étape par étape. Cela peut être introduit à l’aide d’une question du type : quels sont les deux moments du quotidien dans lesquels ta dépression te gêne le plus ? Ou encore, quelle est la chose (sous-entendu, la plus importante pour toi) que tu parvenais à faire avant que tu souhaiterais pouvoir faire de nouveau ?

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Protéger le lien social et partir à la recherche de la dopamine

La dépression nuit au lien social

Par essence, l’épisode dépressif ne fait pas bon ménage avec une vie sociale riche : dégradation de l’estime de soi, repli apathique, état d’amotivation et perte de plaisir sont autant de manifestations du trouble qui produisent une rétrécissement du champ des relations sociales.

Or, les conséquences directes d’un lien aux autres dégradé sont l’isolement et la marginalisation qui sont un véritable carburant pour les pensées dépressives. Ainsi, il convient d’être indulgent envers l’autre, même lorsque les messages sans réponse et autres rendez-vous annulés nous irritent.

Néanmoins, il ne faut pas non plus le laisser s’enfoncer dans sa solitude. Cela relève du juste équilibre entre secousse et écoute, qui constitue la règle d’or dans l’accompagnement d’une personne dépressive.

Lui proposer des activités stimulant la sécrétion de dopamine

Schématiquement, aider son proche dépressif c’est lui proposer des activités qui stimulent la sécrétion de dopamine. Or, un des leviers de ce circuit dopaminergique réside dans les relations sociales et notamment dans l’altruisme. Ainsi, tu peux essayer de trouver un moyen pour que ton proche rende service ou procure du plaisir à quelqu’un d’autre.

Toutes les idées sont bonnes à prendre : être « dog-sitter » pendant quelques jours, prêter un livre, faire un massage… Cette démarche de protection du lien social peut inclure un autre exercice original : le fait d’envoyer chaque jour à son proche une photographie de quelque chose que l’on a trouvé joli ou qui nous a fait plaisir, et inversement.

Cette collaboration artistique peut être bénéfique pour plusieurs raisons :

  • D’une part, elle permet encore une fois de procurer du plaisir à quelqu’un d’autre et de prendre le temps de remarquer les jolies choses, parfois insignifiantes de son environnement (une fleur parfaite, un chat qui ronronne, un gâteau qui était délicieux, une soupe d’une jolie couleur…).
  • D’autre part, ce rituel permet d’entretenir l’encodage et la récupération mnésiques qui, comme nous le disions plus haut, est parfois mis à rude épreuve par le syndrome dépressif.

L’accompagner dans une pratique sportive

Enfin, l’un des leviers dopaminergiques les plus efficaces et connus est la pratique d’une activité physique adaptée. Bien entendu, cette dernière est parfois compromise par la perte de motivation induite par la dépression. Pour juguler cette contrainte, tu peux proposer à ton proche de faire une balade d’une vingtaine de minutes, en particulier le matin.

En effet, une telle activité est doublement bénéfique car l’exposition aux rayonnements lumineux en début de journée permet d’informer notre cerveau que la nuit est finie et, à long terme, de réguler le rythme veille-sommeil souvent mis à mal dans la dépression.

Le soutenir quand c’est difficile

Le fait est que toutes ces activités sont difficiles à réaliser pour les personnes qui traversent une dépression et il convient d’être indulgent avec elles. La raison de ces difficultés réside dans la peine à éprouver du plaisir et de l’intérêt pour les choses, que nous avons évoquée plus haut.

Cependant, l’effet bénéfique recherché s’inscrit sur le long terme car le but de ces petites victoires quotidiennes est de, très schématiquement, générer un apprentissage qui permette de se resensibiliser au plaisir.

Dépression d’un proche : une souffrance aussi pour l’entourage

La dépression, si elle se soigne lorsqu’elle est bien accompagnée, peut demander un certain temps. Ainsi, accompagner un proche peut devenir une véritable course de fond dont l’objectif est de tenir la distance et de ne pas s’épuiser soi-même en voulant soutenir l’Autre.

En effet, c’est en continuant à prendre du temps et à s’occuper de soi pour garder un équilibre personnel satisfaisant que nous parvenons le mieux à aider nos proches. Quelques conseils pour cela :

  • Entretiens des relations sociales autres pour ton bien être et ton équilibre personnel : ne reste pas seul.e dans ta bulle.
  • Réserve-toi des temps pour réaliser des activités qui te plaisent, te tiennent à cœur et te procurent du plaisir. Elles sont une source dans laquelle tu pourras puiser la force nécessaire pour continuer de soutenir ton proche.
  • N’oublie pas que tu n’es pas une solution de guérison : cela te protégera du sentiment de culpabilité qui peut survenir dans l’attente d’un mieux-être de l’Autre. Accepte également de ne pas toujours être parfait dans tes réactions vis-à-vis de ton proche : tu restes humain, et tu fais de ton mieux. Sois aussi bienveillant avec toi-même.
  • Si besoin, n’hésite pas à chercher une personne relais dans ton entourage afin de t’aider dans les tâches quotidiennes et ainsi trouver du temps pour toi. Ce dernier point est particulièrement important si tu as des enfants et que le proche que tu soutiens est ton conjoint ou conjointe.

Conclusion

Nous espérons que ces pistes t’auront aidé.e et que tu sauras piocher dans cet article pour venir en aide aux personnes en situation de mal-être dans ton entourage. Néanmoins, lorsque l’on rencontre des problématiques de santé mentale, il est essentiel d’être orienté vers des professionnels qui sauront remplir leur part du marché en fournissant des éléments de psycho-éducation et de soin adapté.

Même si cela est extrêmement difficile, il est par ailleurs nécessaire de prendre de la perspective à certains moments et de se méfier de la relation de dépendance (ou rapport anaclitique, qui traduit littéralement le fait de se reposer sur quelqu’un d’autre comme nous le ferions avec une béquille) qui peut s’installer lorsque l’on accompagne quelqu’un qui est en situation de souffrance psychique.

Enfin, n’oublie pas que cela est légitime d’être parfois démuni ou accablé lorsque l’on cherche à soulager une personne de notre entourage, et que les proche-aidants peuvent également faire appel à des professionnels de santé mentale pour gérer plus sereinement ces ressentis et situations de vie difficiles.

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